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mardi 29 janvier 2013

Un album, une histoire - Chapitre 1: Sketches For My Sweetheart: The Drunk

En voguant ça et là dans la blogosphère musicale (dont ce blog fort sympatique sur Tumblr tenu par un estimé twitto, Minimike), je me suis rendue compte que j'avais envie très envie de connaître les amours musicales de mes amis et lecteurs - sans fausse modestie aucune - et aussi, de temps en temps, vous racontez les miennes. C'est comme ça que cette rubrique "Un album, une histoire" est née. Toutes les semaines, je laisserai un ami, un twitto, un fan sur Facebook, un inconnu, vous en somme, me raconter une histoire d'amour singulière avec un album (et j'insiste sur le fait que ce soit UN seul album - même si on a le droit de participer plusieurs fois). Si vous êtes intéressé, par ce projet: merci de m'envoyer nom, avatar(s) et signe astrologique à cette adresse (avec en objet "Un album, une histoire".

Bon, je triche un peu... C'est moi qui commence!

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Nom: Nessie
Signe astrologique: Cancer, ascendant casse-pieds
Album choisi: Sketches For My Sweetheart: The Drunk - Jeff Buckley (1998 - album posthume)

Jeffrey Scott Buckley.
Un nom. Un fantôme. Une chaleur. Une voix.

Voilà les seuls mots qui me viennent en tête quand je parle de Jeff Buckley.

Certains disent de lui que c'est un ange déchu, d'autres une légende ayant trop vite rejoint le Panthéon des grands noms de la musique contemporaine, d'autres disent que c'était un poète bohème un peu perdu et il m'est arrivé d'entendre aussi "Ah c'est lui qui a chanté Hallelujah?". Il est tout ça à la fois et tellement plus encore que celui qui a sublimé un titre écrit et interprété des années auparavant par Leonard Cohen.

Comme beaucoup de jeunes dans les années 90 (et moi, je peux vous dire que j'étais très jeune à cette époque), j'ai été scotchée en voyant ce jeune New-Yorkais qui te filait des frissons dans toute ton épine dorsale et cela à travers ton écran de télévision. C'était en 1994 ou 95. Mais j'étais petite, genre 5-6 ans. Mon père n'avait pas hésité une seule seconde à se procurer la cassette de "Grace" (bah ouais, chez nous les CD sont venus à partir de 1998) et cet album a pas mal tourné en boucle. En 1997, on avait aussi beaucoup reparlé de lui mais pour des raisons beaucoup plus funestes. Happé par les hélices d'un bateau à vapeur dans les eaux troubles du Mississippi. Shit happens...

Il a fallu que jeunesse se passe pour que je puisse redécouvrir Jeff Buckley. C'était en 2002, après avoir appris la mort d'un de mes proches. Puis à nouveau en 2003 avec la série "Dead Zone" que je regardais des deux côtés de la Manche et puis cette chanson lancinante, 'New Year's Prayer'. Et c'est vrai que j'aimais bien cette chanson, mais je restais sur "Grace", jusqu'à mon premier chagrin d'amour. C'était en 2008. Terminale STG. Il s'appelait Christopher, il avait 18 ans comme moi et il m'avait brisé le cœur parce qu'il préférait ma meilleure amie déjà casée. Alors du coup, je suis allée après les cours à la FNAC de la Défense et je me suis achetée cet album. Double album, pardon. "Sketches for My Sweetheart: The Drunk". Drôle de nom, mais on s'en fout, on déchire le plastique et on place le précieux sur sa chaîne hi-fi. Et là, je me suis laissée allée à toutes mes émotions: colère, rage, dépérissement, espoir, rêveries, défoulement, larmes et apaisement. 93 minutes de yoyo-émotionnel. Cet album est devenu mon album de référence quand ça ne va pas. Ces dernières années, ce sentiment s'est pas mal généralisé alors du coup, je connais cet opus comme ma main.

Chaque chanson raconte un épisode de cette telenovela sans fin qu'est la vie. Comme 'The Sky Is A Landfill' qui pourrait être la bande son de ces heures passées dans les transports à traîner des pieds pour aller à ma fac de com', 'Yard Of Blonde Girls' qui me rappelle ces voyages dans le temps effectués dans les bras d'un homme, 'I Know We Could Be So Happy..." serait une lettre ouverte ou un cri du cœur à cet homme que j'aime et qui m'aime mais pas comme je le voudrais, 'Vancouver' ou ces envie d'ailleurs rythmées par des voyages en bus/train/avion/ferry/voiture effectués pour mon plaisir ou celui de ceux qui ont partagé ma vie ou encore 'Back In N.Y.C.', cette reprise absolument fascinante de Genesis (un des groupes préférés de mon papa) et qui raconte l'histoire d'un jeune paumé en perdition, rejeté par tous car différent voire fou. Ce jeune paumé, c'est moi. Lisez les paroles et vous en saurez beaucoup sur ma vie, mon caractère, mon lourd passif aussi. Jeff Buckley avait sa manière à lui de raconter des histoires et on peut facilement se raccrocher à une de ces histoires, parce qu'on l'a tous vécu à un moment ou à un autre de sa vie. Il porte la mélancolie et la fragilité en lui, c'est un écorché vif quelque part et à travers sa musique, son grain de voix toujours au fil du rasoir, on arrive à sentir tout ça. Alors on s'émeut, on se défoule, on a les larmes aux yeux et on se complait dans son spleen. Malgré tout ça, on sent aussi un certain côté cathartique dans sa manière de chanter, de raconter ses histoires, d'interpréter et vivre à travers ses compositions ou reprises. Forcément, on se sent nettement mieux après une écoute. Puis deux. Puis trois. On finit toujours pas se sentir un peu plus léger après avoir écouté cet album posthume (il est sorti le 26 mai 1998, soit 3 jours avant le 1er anniversaire de sa mort).

La raison pour laquelle je suis amoureuse de cet album, c'est parce que 15 ans après, il reste très actuel et n'a pas pris une ride, parce que cet homme sait parler à mon cœur comme aucune autre personne - vivante ou décédée d'ailleurs, parce que rarement un artiste aura su me comprendre, me toucher, m'émouvoir (et à chaque fois en plus), bref grâce à ce sublime album qu'est "Sketches...", probablement un des plus beaux albums posthumes au monde toute catégories confondues, et grâce à lui, j'arrive à me sentir vivante parce que je fais converger musiques et émotions diverses et parfois dans ce monde de brutes, c'est pas si mal...

*****
Tracklist:
  1. The Sky is a Landfill
  2. Everybody Here Wants You
  3. Opened Once
  4. Nightmares by the Sea
  5. Yard of Blonde Girls
  6. Witches' Rave
  7. New Year's Prayer
  8. Morning Theft
  9. Vancouver
  10. You and I
  1. Nightmares by the Sea [Original Mix]
  2. New Year's Prayer [Original Mix]
  3. Haven't You Heard
  4. I Know We Could Be So Happy Baby (If We Wanted to Be)
  5. Murder Suicide Meteor Slave
  6. Back in N.Y.C.
  7. Gunshot Glitter
  8. Demon John
  9. Your Flesh is So Nice
  10. Jewel Box
  11. Satisfied Mind

La semaine prochaine, ce sera mon amie Blandine (alias @StoriaGiovanna sur Twitter) qui nous parlera d'une grande dame qui a fait connaitre mon petit pays au monde entier, j'ai nommé Césaria Evora.

5 commentaires:

  1. J'utilise cet album dans les mêmes conditions post-rupture-sentimentales. C'est pourtant pas du tout un album larmoyant. Jeff racle les émotions les plus sales et les plus basses et il les porte à bout de bras et l'expose à la chaleur de sa philosophie.
    J'en parlerai toujours au présent.

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    1. post-ruptureS-sentimentales*
      les expose*

      #l'émotion

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    2. Merci pour ce commentaire fort touchant! Il est vrai qu'en période de spleen, écouter "Sketches" est une bonne idée pour extérioriser tout ce qui peut te traverser l'esprit. Pas larmoyant du tout mais riches en émotions fortes :)

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  2. je viens de re découvrir ton blog. Bravo. j'aime bien cette rubrique. Je sens que je vais vite te faire 'un album/une histoire' avec 'Vs' de Pearl Jam ou bien '...And Justice for All' de Metallica !
    Et merci pour le lien vers mon blog, je viens de faire de meme sur le mien avec F&G. A+

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    1. Merci à toi Spark! Et je serai honorée de pouvoir publier un de tes écrits.

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